Régime minceur pour un web plus vert.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2010, la taille moyenne d’une page web était de 702kb. En 2016, elle passait à 2332kb et les analystes prévoyaient de franchir la barre des 4000kb pour 2019. En quelques années, le poids des sites a augmenté de manière exponentielle, entraînant une augmentation du traffic qu’il est important aujourd’hui de réguler. Revoir ses pratiques en matière de conception de sites ou d’applications et vérifier si son outil n’a pas besoin de perdre un peu de poids font partie des étapes incontournables pour un numérique responsable.

Heureusement, Fréderic Bordage et le collectif GreenIt, qui travaillent depuis plus de 10 ans sur le sujet, nous ouvrent le chemin de la sobriété numérique et nous facilitent la tache avec un excellent guide « Éco-conception Web : les 115 bonnes pratiques ». 

Petite revue succincte des différentes étapes et des principaux points à vérifier si l’on est propriétaire ou administrateur d’un site internet.

Mise en pratique de l’éco-conception web.
L’écoconception web est une démarche d’optimisation technique qui tient compte de l’impact environnemental d’un site ou d’une application. Elle permet de minimiser cet impact en optimisant les techniques de fabrication. Toute action d’utilisateur, quelle qu’elle soit, va avoir une incidence sur l’activité du serveur et donc sur l’environnement. Plus on ajoute de fonctionnalités, plus les requêtes au serveur augmentent et plus celui-ci va consommer d’énergie pour que l’expérience utilisateur soit de qualité. Javascript, CSS, fonts, bases de données, photos, vidéos, formulaires, plug-in, e-commerce, etc, la liste est longue et on peut rapidement se retrouver avec un site en surpoids qui va non seulement ralentir son temps de chargement mais également avoir des répercussions sur l’environnement.

Conception, ergonomie et design
Améliorer les performances d’un site sans oublier d’alléger son empreinte écologique, c’est commencer par analyser sa conception et son ergonomie. Les pratiques des utilisateurs ont changé. Les informations qu’ils recherchent doivent remonter rapidement, ils n’ont ni le temps, ni l’envie de jouer à la chasse au trésor en surfant sans fin dans un sous-rubriquage pour trouver ce qu’ils cherchent. Le design n’est plus l’accessoire tape-à-l’oeil d’il y a quelques années. Les pages qui s’animent dans tous les sens, les icônes de navigation incompréhensibles, les polices qu’on met en image et qui alourdissent la charge, tous ces éléments ne sont pas compatibles avec une démarche éco-responsable.  Aujourd’hui, il est nécessaire de revenir à un design plus «vert». Sans lui ôter ses qualités graphiques, un site internet est avant tout un outil, sa fonction première est de permettre aux utilisateurs d’accéder aux informations qu’ils recherchent. D’ailleurs les webdesigners l’ont bien compris qui se dirigent de plus en plus vers des concepts ou des créations épurées et des navigations simplifiées.

Repenser les contenus
Même démarche pour les contenus. Analyser sous le prisme d’un internet « vert », c’est se demander si ces outils, ces plug-ins, ces widgets sont fonctionnels, utiles et adaptés aux besoins et s’ils servent réellement à améliorer l’expérience utilisateur. Il fut un temps où justement parce qu’il y avait de l’espace, on posait sur son site internet tout ce qu’on ne pouvait pas imprimer sur des brochures. Certains sites institutionnels, notamment, devenaient des labyrinthes de l’extrême dans lesquels on se perdait sans avoir rien trouvé de ce qu’on cherchait. Supprimer le superflu pour ne garder que l’essentiel, retravailler ses textes pour une lecture plus rapide, en profiter pour revoir son rédactionnel en mode SEO et booster son référencement, privilégier les téléchargements de pdf (compressés), les solutions sont là pour réduire les excès de contenus et elles sont nombreuses.

Le cas des images fixes ou animées
Depuis les premiers sites html, il existe ce qu’on appelle les formats pour le web. Créés pour pallier à la faiblesse du débit de l’époque, ils permettaient de mettre en ligne des images compressées sans qu’elles pèsent trop sur le serveur lors de leur chargement. Aujourd’hui, avec le haut-débit, on oublie souvent cette étape cruciale dans la fabrication. Pourtant, ce traitement des images avant la mise en ligne est primordial. C’est d’ailleurs souvent le poids des images qui pèse le plus sur un site internet aujourd’hui et le corriger permet parfois de réduire de 40% à 60% son empreinte écologique.
Idem pour la vidéo, parfois abusive, parfois inutile mais souvent mal compressée. A-t-on vraiment besoin de diffuser une vidéo en 4k et donc de solliciter fortement les serveurs, lorsque l’on sait que la plupart des utilisateurs la visionneront sur un smartphone ? 

Il est loin le temps des premiers sites en html où l’on se contentait de poser son contenu sur des pages banches avec des liens en bleu pour signifier l’interactivité dans la lecture. Aujourd’hui, internet ressemble à un gros dévoreur de données, issu de pratiques désormais inadaptées aux nécessités environnementales de notre 21ème siècle. Pourtant, la crise sanitaire de 2020 nous lance un nouveau défi en nous obligeant à augmenter nos activités en ligne. D’où la nécessité de retravailler ces merveilleux outils afin d’avancer dans ce « nouveau monde » un peu plus légers que lorsque nous y sommes entrés…

KrissMars

Sources
. La troisième édition du guide https://ecoconceptionweb.com/
. https://www.keycdn.com/support/the-growth-of-web-page-size

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